Les mots perdus (détour #1)
- Manuel DEMOUGEOT
- 29 mars 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 avr. 2024
Il y a un peu plus de 20 ans, juste avant la naissance de mon fils, je fis un rêve dont je me souviens encore.
Dans ce rêve, il y avait ma grand-tante Simone. C’était la petite sœur de mon grand-père. Ils avaient deux ans d’écart. Mon grand-père, Jean, était l’aîné de la fratrie qui comptait deux autres enfants, deux garçons, nés 10 et 15 ans après mon grand-père.
Dans mon rêve, ma grand-tante me soufflait une idée : écrire un dictionnaire des mots perdus. Son intervention dans mon rêve se limitait à ce message qu’elle me passait. Je ne me souviens que de cela. Me donner une idée de livre.
Le lendemain au réveil, lorsque des bribes de ce rêve me revinrent à la conscience, je trouvais que cette idée que les facéties de l’inconscient avaient choisi de m'inspirer par ma grand-tante, était bonne. N'avais-je pas écrit 10 ans auparavant avec trois copains un dictionnaire des mots employés par les jeunes[1] ? Alors pourquoi pas un nouveau dictionnaire ? Et puis cette idée d’aller chercher des mots sortis de la langue était séduisante. On parle beaucoup des néologismes. Pourquoi ne pas s’intéresser aux mots qui ne sont plus employés, qui sont tombés de mode, désuets, et pourquoi ne pas comprendre les mécanismes qui les ont faits tomber dans l'oubli ? Je fis quelques recherches exploratoires et découvris qu’il existait déjà quelques ouvrages sur le sujet. Il n'en fallut pas plus pour me faire passer à autre chose. Et au fond, je pressentais que ce rêve signifiait autre chose, d'un contenu un peu différent.
Des années plus tard, ce rêve semble prémonitoire et prend tout sens, avec une petite déformation, certes, propre au rêve. Il ne s'agira pas tout à fait d'un dictionnaire mais d'un blog. Un blog des lettres de mon grand-père. Les mots perdus de mon grand-père, les mots perdus du père qu'il a été et que, étant mort trop jeune et sans doute peu accoutumé aux confessions filiales, il n'a pas transmis à son fils, mon propre père, face à moi silencieux.

[1] Le Nouveau français, la compil, Editions Jean-Claude Lattès, 1994





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